"Nous [les Ahl Al-Bayt] sommes les Noms de Dieu !"

[The Following Article is written by an honorary and knowledgeable brother, ‘Abd al-Wali]

Grâce au nom d'Allah, le Très-Miséricordieux, le Tout-Miséricordieux

الإمام عليّ عليه السّلام: 

لا تَجْعَلْنِي يَا إِلَهِي مِمَن يَعْبُدُ الاِسْمَ دُونَ المَعْنَى...

بحار الأنوار ج91

L'Imam Ali (que la paix soit sur lui) dit :

"…Ne fais pas de moi, ô mon Dieu, quelqu’un qui adore le nom sans le sens…"

al-Bihar, volume 91

La question que pose cette invocation de notre Maître (que la paix soit sur lui) est celle de ce qui est adoré lors de l'adoration

Dans ses Ousoul al-Kafi, shaykh al-Kolayni (que Dieu lui fasse miséricorde) rapporte plusieurs hadiths à ce sujet dans un chapitre de son Livre de l'unicité intitulé "qu'est-ce qui est adoré ?"

Voici le premier d'entre eux, attribué à Abu Abdallah Al-Sadiq (que la paix soit sur lui) :

"Qui adore Dieu en étant à moitié certain, ou moins que cela, de Son Existence a vraiment mécru.

Qui adore les Noms sans leur Sens a également mécru.

Qui adore et les Noms, et le Sens a vraiment associé.

Qui, en revanche, adore exclusivement le Sens, en comprenant que les Noms ne font que véhiculer les Attributs qu'Il s'est Lui-même attribué, fait partie de ceux qui ont fermement accroché cela à leur cœur et ont témoigné par leurs langues en huit-clos comme en public. Ils sont certainement les Amis du Prince des Croyants. (Et selon une autre version : "Ils sont certainement les vrais croyants")"

Ô Allah prie sur Mohammad et la famille de Mohammad, toute la Louange est à Allah, l'Unique sans associés et au-delà de ce qui Lui est attribué

Comment comprendre ces vénérables paroles ?

Une quantité illimitée de commentaires pourraient être produits qu'ils n'épuiseraient pas la richesse de ces quelques mots.

Votre humble serviteur se bornera donc à donner quelques brefs commentaires sans prétendre à autre chose qu'à tenter de délivrer certains éléments de compréhension qu'il juge pertinents pour alimenter la réflexion de celui qui y trouvera quelque chose d'utile.

Dieu est le Caché (al-Batin) et l'Apparent (al-Zahir), puisqu'à la fois totalement étranger à Sa création, et par conséquent aux sens ; et rendu manifeste par elle, à travers l'harmonie qui réfléchit aux yeux de l'homme d'Intellect l'ensemble des qualités et perfections divines.

Simultanément, Il est l'Un (al-Ahad) et l'Unique (al-Wahid), c'est-à-dire, d'une part, la synthèse de ces qualités et perfections (ce que l'on a coutume de nommer l'Être, al-wujud) et, d'autre part, tout autre chose que celles-ci prises dans leur singularité propre.

Or, si l'enseignement des Immaculés (que la paix soit sur eux) semble bel et bien distinguer ces deux "aspects" en Dieu ; il professe en même temps de l'Unicité de Dieu, qui ne dispose pas d'associés, car il n'y a pas deux dieux ou quatre-vingt dix-neuf dieux, mais un seul, qu'Il soit Loué.

Et tel nous paraît être le nœud de la problématique soulevée par cette narration.

Revenons-donc maintenant sur les mots du Maître (que la paix soit sur lui) lui-même afin d'en donner quelque commentaire :

"Qui adore Dieu en étant à moitié certain, ou moins que cela, de Son Existence a vraiment mécru."

Car c'est dans l'homme de certitude, c'est-à-dire étant parvenu à travers l'Intellect à la connaissance de Dieu, que peut se résoudre le mystère de l'Unité.

Mystère de l'Unité qui consiste en cette unité et cette singularité de Dieu par-delà la multiplicité de ses qualités propres et par-delà toute temporalité chronologique :

C'est pourquoi Dieu est toujours simultanément Courroux et Grâce, Colère et Bonté, Rigueur et Douceur, existant par-delà la simple dualité.

Sans cette certitude de l'Unité, il n'y a que la négation, poursuivons justement : 

"Qui adore les Noms sans leur Sens a également mécru." 

Comme le dira plus loin le Maître (que la paix soit sur lui), les Noms "ne font que véhiculer les Attributs qu'Il (Dieu) s'est (...) attribué"

Ils ne sont à proprement parler que le véhicule, l'enveloppe, le symbole à travers lequel peut se manifester l'Être sous ses aspects particuliers

Ainsi, celui qui confond le symbole avec le symbolisé, ou pour le dire autrement, le "véhicule" avec le "véhiculé" a mécru

Poursuivons encore : 

"Qui adore et les Noms, et le Sens a vraiment associé."

Ici, l'association est définie en des termes clairs : elle consiste à diriger son adoration (c'est-à-dire ses actes, paroles et pensées) vers le Dieu et vers le support par lequel Il se manifeste.

C'est encore une fois une erreur, et de quoi cette erreur pourrait-elle bien procéder si ce n'est de la confusion selon laquelle il existerait quoi que ce soit de Permanent en dehors de Dieu ?

Continuons :

"Qui, en revanche, adore exclusivement le Sens, en comprenant que les Noms ne font que véhiculer les Attributs qu'Il s'est Lui-même attribué (...)"

Ici l'adoration pure et le monothéisme complet sont exprimés : complétement dirigés vers l'Absolu inqualifiable.

Et prenant les Noms pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire les supports partiels, les enveloppes d'un Cœur qu'est la Réalité de Dieu signifiée par les Noms et attributs divins.

Or, si ces véhicules de la manifestation de Dieu représentent la totalité divine signifiée, chacun de manière parcellaire dans la nature, dans les Anges, les Livres saints, dans le cœur du croyants... c'est bien dans la Lumière de Mohammad-Ali – première des créations de Dieu, dont le siège est le for intérieur du croyant – que se trouve exprimée et exemplifiée la totalité des qualités et perfections divines.

Les existences historiques de Mohammad et de Ali n'étant, malgré leurs caractères grandioses et surnaturelles, que les manifestations accomplies d'une Réalité métaphysique et métahistorique.

Recevoir cette Lumière dans son cœur, et dévouer son adoration à elle en tant que totalisation et signification des Noms de Dieu, c'est cela être parmi "les Amis du Prince des Croyants" et les "vrais croyants".

ô Allah prie sur Mohammad et la famille de Mohammad et hâte leur soulagement et maudis leurs ennemis.